Sur ordre du tribunal de Grande Instance de Rouen, les policiers ont évacué le campement installé depuis mardi (4 novembre) devant le palais de justice.
- Publié le 07/11/2014 | 09:57, mis à jour le 07/11/2014 | 10:21
L’opération d’évacuation a été très rapide, les manifestants n’opposant pas de résistance.
Les CRS, venus à bord d’une vingtaine de fourgons ont poussé les occupants hors du camp et commencé à le démanteler, en faisant usage de quelques gaz lacrymogènes.
Ils appliquaient une ordonnance en référé d’évacuation à la demande de la mairie socialiste de Rouen, rendue la veille par le président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de la ville.
En application de l’ordonnance du 6 novembre 2014 du président du Tribunal de Grande Instance de Rouen, il a été procédé à l’évacuation d’un campement, abritant quarante personnes, installé de façon illicite sur le domaine public communal, place Foch à Rouen. Cette évacuation s’est déroulée sans violence”, a indiqué la préfecture dans un bref communiqué.
Les manifestants des jeunes hommes et femmes, de différentes mouvances, s’étaient regroupés et scandaient “pas de violence”, “pacifiques, “tous ensemble ouais”, ou encore “Rémi on ne t’oublie pas”.
“Les trois sommations ont été faites très rapidement, puis ils nous ont refoulés
à coups de pieds, à coups de matraques et avec des insultes”, a témoigné pour l’AFP
Mathieu, prénom que donnaient beaucoup quand ils parlaient à la presse.
“J’ai remarqué qu’ils frappaient les femmes et qu’ils donnaient de grands coups
de pieds dans les tentes sans se préoccuper s’il y avait quelqu’un à l’intérieur”,
a témoigné une autre personne.
Perché sur un arbre
Il n’y a pas eu apparemment d’interpellations, à l’exception d’une personne qui s’était installé en haut d’un arbre. Une unité spéciale des pompiers est venue le déloger.
Les protestataires avaient érigé rapidement leur ZAD (“zone à défendre”) mardi soir à l’issue d’un rassemblement à Rouen, à la mémoire de Rémi Fraisse, jeune botaniste tué par l’explosion d’une grenade lancée par un gendarme le 26 octobre, lors d’affrontements sur le site du barrage controversé de Sivens, dans le Tarn.
Ils s’étaient installés sur la place Foch, une petite place le long de la rue Jeanne d’Arc, grande artère de la ville, en face d’une aile du palais de justice et à côté d’une station du métro-tram de la ville.
Le campement comprenait une douzaine de tentes, une cabane et des stands construits avec des palettes et du carton, un “salon de discussion” avec canapés, et des toilettes sèches.
Des images sur les luttes écologistes et alternatives étaient projetées sur un drap faisant office d’écran. Une petite bibliothèque et une friperie avait aussi été installées.
Bien visibles, ils invitaient la population à engager le dialogue sur les “violences policières”, servaient des boissons chaudes et proposaient un peu de nourriture.
“Nous ne revendiquons rien: c’est la possibilité même de lutter et d’envisager d’autres futurs qui est en jeu”, proclamaient leurs tracts.
Les manifestants s’attendaient à être délogés mais n’ont pas voulu partir d’eux-mêmes,
bien qu’avertis par des représentants de la mairie que leur évacuation avait été réclamée.
Le parti pris des manifestants était de faire une action sans violence.
“On a envie de montrer quelque chose de positif”, après la violence qui a caractérisé certaines manifestations à la mémoire de Rémi Fraisse, avait déclaré à l’AFP dans la semaine un autre “Mathieu”.
Plusieurs personnes sur le campement venaient ou étaient proches de la “ferme des Bouillons”, une petite exploitation d’agriculture biologique de Mont-Saint-Aignan, au nord de Rouen, occupée et animée par des ses occupants.
Ces derniers sont en lutte contre le groupe Auchan qui voulait construire un hypermarché sur cette zone de quatre hectares, finalement transformée en zone naturelle protégée.
VIDEO : le reportage de Stéphane Gérain et Olivier Flavien